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Mère et fille, un roman

Dernière mise à jour : 7 avr.

Titre du livre Mère et fille, un roman, d'Eliette Abécassis, éditions Albin Michel (2008).


Ma fille a été un des plus cadeaux de ma vie.


Aujourd'hui, elle s'approche de sa maturité, dans quelques mois.


Contrôle et relation mère-fille.



Mon algorithme de parcours neuronal bug, mon cerveau mouline et sature.


Je ne parviens pas à intégrer ce changement. Ma fille presque adulte. Comme si mon cerveau ne pouvait plus paramétrer de nouvelles données. Encore une défaillance des fonctions exécutives, fréquente chez les autistes ? Avec un manque de flexibilité cognitive. C'est le changement de trop, celui que je n'ai pas du tout planifié ni anticipé.


J'ai même oublié de lui apprendre à vivre. Je veux dire à se nourrir. C'est-à-dire à cuisiner. Je n'avais pas imaginé que l’algorithme allait lui proposer d'aller étudier à l'autre bout de la France. J'ai été prise de court par l'IA. Je pensais qu'elle commencerais son début d'études ici, dans notre ville, donc qu'il me restait un peu de marge avant de la rendre autonome... Je l'ai nourrie intellectuellement, j'ai investi beaucoup d’énergie pour le développement de son cerveau et de ses capacités intellectuelles. Je lui ai offert le soutien émotionnel, le cocon dans lequel elle a pu se déployer, affectivement, et aussi humainement. Je l'ai allaitée puis nourrie aussi, quand même et pas uniquement intellectuellement...

Mais j'ai complètement zappé de lui apprendre à SE faire à manger. Je suis d'abord une tête, un cerveau avant d'être une corps. Et là, je réalise à quel point c'est vrai. Quelles ont été mes priorités éducatives, positives, non-violentes. Mais j'ai carrément oublié la base: manger, s'alimenter en autonomie, se nourrir.


Catherine Dumonteil-Kremer : le m² familial


Catherine Dumonteil-Kremer, une femme avec qui j'avais fait une formation à la parentalité, avec ma fille toute bébé, gardée par le papa, avait une expression : "le mètre carré familial", pour expliquer comment, quelle que soit la taille de l'appartement, les enfants se rapprochaient toujours, dans un diamètre d'un mètre, autour de leurs parents.


C'est une définition qui pourrait définir précisément notre famille. Une famille proximale.



Aujourd'hui, ma fille se prépare à quitter le nid,

notre mètre carré familial.


Grâce à cette vidéo, Protéger sans pression

toujours de Catherine D.-K., j'ai pris conscience de quelque chose de capital.


J'ai appris, et surtout compris intellectuellement, que puisque ma fille s'approche de sa majorité, je ne peux plus fonctionner en mode "contrôle" avec elle.


« Pression et contrôle ne font pas bon ménage à l'adolescence. » - Catherine Dumonteil-Kremer

Contrôle...


Bien sûr, j'aurais dû apprendre cela plus tôt...


Mais les changements m'étant difficiles...


De plus, pour celui-ci je me suis pris le mur, disons... Bref...


Passer de: "On prend soin de moi"...


Je cite, C. D.-K.: comment protéger nos enfants: "à l'adolescence, le contrôle n'est plus de mise. Nous ne pouvons plus protéger nos ados comme des touts-petits. La meilleure façon de protéger nos enfants est de travailler à avoir une bonne relation avec eux, de façon à ce qu'ils puissent se tourner vers nous, en cas de besoin. Nos ados doivent passer de


"on prend soin de moi"


à


"je prends soin de moi. "


... à "Je prends soin de moi".


Ok.


Sauf que...



Moi, j'ai besoin de contrôle. De contrôler la situation, parce que c'est ma façon de gérer, tout, dans ma vie.



Donc il faut que j'inverse la manœuvre et cesse de contrôler ?


Mais je ne sais pas comment faire !


Contrôle: à freiner voire stopper.

Relation: à améliorer et entretenir.


Et en plus, il faut que je prenne soin de la relation ?


Mais c'est justement ce qui me fatigue le plus, la relation ! Avec une demoiselle intelligente qui argumente, répond, réfléchit, et a ses propres paramètres et points de vue.



Je suis perdue.


J'arrive à mes limites de compétences maternelles.



Heureusement que ma fille a une bonne relation avec son père, qui est aussi un excellent éducateur.


Moi, je ne sais pas faire, avec des grands ados presque adultes.


Et je n'arrive plus à apprendre de nouveautés, à intégrer de nouvelles routines de fonctionnement relationnel.


Lâcher le contrôle : comment faire lorsque l'on est autiste ?


Travailler la relation, comment faire, alors que c'est ce qui consomme le plus de petites cuillères d'énergie* ?



J'ai bien compris l'idée, intellectuellement.


Techniquement, je cherche encore comment la mettre en action. Cela semble simple, mais pour moi cela ne l'est pas. C'est compliqué, une nouvelle relation à trouver, avec une personne qui change tellement vite. Les anciens critères et systèmes ne conviennent plus, j'ai compris. Mais de là à mettre en place de nouvelles habitudes: quel nouveau défi immense, encore plus compliqué que le dossier PARCOURSUP!  Avec tous les dix vœux, les neufs sous-voeux supplémentaires, les bulletins à recopier manuellement, les 19 lettres de motivation à rédiger puis à envoyer aux dix-neuf établissements sélectionnés, les 19 logements dans chaque ville différente à anticiper, l'aspect financier, etc. Sans savoir ce que Saint Algorithme, ce Grand Manitou de Parcoursup, dans sa toute-puissance numérique, priez pour nous, va décider pour cette excellente élève, qui est notre fille...



Et avec tout cela, mettre la priorité sur la relation avec ma fille pendant qu'il est encore temps, avant qu'elle ne soit plus là ? Il y a là comme un conflit, une compétition de besoins, entre les miens; mon besoin de contrôle, et les siens; son besoin que je lâche le contrôle sur elle, pour améliorer et entretenir la relation fille-mère, ou mère-fille.



Mais comment faire ?



Avec toute ma bonne volonté,


je cherche encore la réponse...

Je finirai bien par trouver.


Comme nous sommes atypiques, nous avons créé une bulle familiale, un cocon de protection autour de nos enfants, pour les protéger de ce monde standard: cette société, normalisée pour une majorité neurotypique. Maintenant que ma fille a grandi et va quitter le nid, je voudrais encore la protéger.


"Protéger sans pression.
Pression et contrôle ne font pas bon ménage." C. Dumonteil-Kremer

Donc je dois lâcher la protection par le contrôle, pour trouver une protection en améliorant, et entretenant la relation avec elle. Pour qu'elle aie la possibilité de demander de l'aide, si nécessaire, et lorsqu'elle en aura besoin. Peaufiner la relation avec elle, afin qu'elle puisse plonger dans l'arène de ce monde, et trouver ses propres armes, dans le combat de la fosse aux lions: atypiques minoritaires versus neurotypiques majoritaires.


Seul l'amour que je lui porte pourra m'aider à répondre à cette question, et ainsi faire face à ce nouveau changement important.


Je t'aime ma fille,


Wangmo





PS: j'ai grandi bercée par le son des cloches, une mélodie relaxante pour moi, et paisible, associée au bien-être, qui m'a entourée durant une partie de mon enfance, cette mélopée non agressive, calme, reste ma Madeleine de Proust: un son doux, tout doux synonyme d'harmonie bucolique champêtre.



En Suisse, on compte une vache pour 5 habitants :-)

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