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  • Photo du rédacteurWangmo

Mon fils ou mon mari ?

Dernière mise à jour : 4 avr. 2023

Choix cornélien: jour de la St Valentin, un 14 février.

"Maman, tu m’accompagnes à l’école aujourd'hui ?"

Aujourd’hui, c’est la Saint Valentin.


Mon mari rentrera du travail après 17 heures. Ce matin, mon fils me demande de l’accompagner au collège car il commence une heure plus tard que d’habitude. J’ai failli céder. Oui, mais… En fait, si je veux pouvoir accorder un minimum d’attention à mon mari en fin d’après-midi, il me faut choisir. Je dois calculer le coût énergétique intérieur personnel, et faire selon mes possibilités, ou non-possibilités. Si j’avais dit «oui» à mon fiston, je revenais à la maison déjà lessivée par le premier trajet d’école matinal.

Nous avons habituellement 3 sujets de conversation durant ces trajets scolaires: les devoirs, les automobiles et/ou les arbres et les oiseaux. Pendant le trajet du matin, c’est ainsi l’occasion d’écouter mon fils et de réviser les devoirs. Oui, j’aime lui faire apprendre ses leçons, et réviser en marchant dans la rue est un plaisir partagé avec lui, au début du trajet d’un peu plus d’1 km, à l’aller. Ensuite, nous écoutons les chants d’oiseaux (en ville), j’essaie de les reconnaître et de lui apprendre les différents noms et types de chants: mésange charbonnière ou bleue, merle, rouge-gorge ou rouge-queue, canaris des balcons en cages, ou perruches vertes de ville en liberté, ou corneilles, au chant presque pareil. Je choisis généralement les rues où passent le moins de voitures, le moins de gens et où il y a le moins de circulation. Je récite régulièrement à mon garçon les différents noms des arbres croisés dans la rue, mon attention est attirée visuellement par les arbres et auditivement par chaque chant d’oiseau différent. J’ai tendance à remarquer ces détails qui ne semblent pas importants pour les autres: les feuilles et les mélodies ornithologiques. Je connais beaucoup d'arbres par leur nom, j'ai appris à compter leur âge, ils sont les compagnons de nos trajets en pédibus familial.

Ensuite, plus d’échappatoire possible, il faut passer par une unique rue de plus en plus étroite dans laquelle se trouvent: une école maternelle et primaire (environ 600 élèves), un collège + lycée + classes préparatoires (environ 3000 élèves, sans compter les enseignants…) ainsi que dans l’angle une deuxième école maternelle et primaire. Là, dans cette rue inévitable qui commence à être remplie de gens, nous jouons à MÉMORISER les plaques de voiture avec fiston; lui connaît toutes les marques, noms, spécificités de chaque voiture, c’est sa passion.

Ici, il faut ajouter: les voitures avec des parents parfois énervés, qui régulièrement klaxonnent ou se font klaxonner. Généralement, je sursaute à chaque klaxon, manquant de perdre l’équilibre sur le trottoir de taille non conventionnelle (moins large qu’un vrai trottoir), voire de tomber sur la voiture roulant à mon côté...

Ajouter à cela: tous les chiens, chiens des villes et non des champs, sur le trottoir, avec la gueule à hauteur de visage d’enfant, que les parents ont la bonne idée d’emmener en même temps que leur enfant à l’école. Donc là il faut choisir: la gueule du chien devant le visage de fiston, ou la voiture avançant et ses pneus? Sans oublier bien sûr les nombreux étrons de la gente canine qui émaillent les trottoirs avec leur fumet ODORANT… (qui parlera, un jour, de l’odeur des étrons en ville, lors de la canicule par exemple… avec odeur de gasoil et d’essence cumulée, odeurs des cigarettes et autres produits à fumer, joints avec les poubelles qui macèrent: les villes sentent mauvais, c’est un fait). Les jours de pluie, ajoutez les parapluie avec les étrons mouillés étalés bien en long du même trottoir étroit… où stationnent aussi tous les maternelles, hauts comme trois pommes, en attente de l’ouverture de leur portail, avec quelques parents où grands-parents dépassés par leurs pleurs de «non pas école». Bref, là je suis juste en train d’arriver à l’école…

Selon les périodes (Vigipirate ou non) il y avait même des militaires armés de tout leur barda sur ce même trottoir … Mitraillette à hauteur de visage d’enfant… Qu’il fallait contourner en marchant sur la route car eux étaient des rocs immobiles, normal, car en "mode" vigilance. Sans oublier de remplir la rue, qui est à sens unique pour les voitures, de vélos autorisés dans les deux sens, avec des enfants en trottinettes et des parents sur des trottinettes électriques.

En plus, le trottoir était régulièrement encombré de voitures de parents stationnées dessus, donc tant pis, le trottoir c’est pour les autos et PAS pour les piétons, n’est-ce pas? Les poussettes et les enfants marchent dans la rue, devant ou derrière le pot d’échappement de la voiture qui, bien sûr, roule. Donc, voilà, dans ce rallye pour accéder au «Sésame, ouvre-toi» de la porte d’entrée de l’école, ne pas oublier surtout de regarder dans les yeux les mamans et maîtresses connues, de SOURIRE (toujours sourire, très important car cela MASQUE le fait de ne pas savoir quoi dire) et dire «Bonjour ! Oui ça va bien merci et toi?». Et bien sûr continuer d’écouter fiston «tu vois maman lui c’est bidule, elle c’est truc et la maîtresse a dit que… et il faudra apporter ceci cela ...» etc.

Pff… ça y est, colis livré… Vite rentrer, et s’abriter de tous ses bruits, moteurs de voitures-embouteillages, arrêts-démarrages et marche arrière des véhicules et des SUV en veillant toujours à l’angle mort… petits aboiements ou jappements canins, pleurs d’enfants, sollicitations sensorielles surnuméraires qui me torturent. Trop de stimuli, c’est éreintant et il me faut encore marcher plus d’1 km plus rentrer à la maison. Trop de bruits, trop de gens, trop d’imprévus («Oh salut, alors pour la maîtresse, blablabla et patati et patata, tu vois donc alors...»). Trajet du matin à multiplier par 4, huit aller-retour pour moi, par jour scolaire.

Car NON fiston ne mange pas à la cantine: trop de bruits, trop de sollicitations sensorielles et émotionnelles, et aucune possibilité de s’isoler dans le calme et le SILENCE.

Voilà pour mon quotidien concernant seulement les trajets scolaires.

Le bruit est pour moi une torture réelle, une douleur, un tsunami qui me submerge et me fait souffrir. Il n’y a pas de TV chez moi, trop de bruit; pas de radio, trop de bruit aussi. Donc aujourd’hui, si je souhaite conserver un tant soit peu d’énergie pour parler, écouter et partager avec mon mari, en ce jour de la fête des amoureux, et bien «Non, mon fils, je ne vais pas t’accompagner au collège, tu vas t’y rendre seul exceptionnellement, en ce jour».

Je n’ai pas la possibilité de cumuler plusieurs activités. Je dois calculer pour doser mes forces et en garder, pour simplement être encore présente, et non pas comme une coquille vide, en fin d’après-midi, et pouvoir, a minima, tenir une conversation, ce qui me semble le minimum syndical pour témoigner de mon affection au compagnon-amour de ma vie, depuis 20 années maintenant.


Chez moi, la spontanéité existe peu, c'est pourquoi je dois tout anticiper et organiser à l'avance. C’est très contraignant, mais je suis obligée de faire des choix. Cornéliens ou pas. Je dois m’isoler pour éviter la submersion sensorielle et la surcharge de stimuli, c’est mon réflexe originel basique, instinctif et inné, pour gérer ma fatigue chronique et trouver le calme intérieur.


Choisis la Wie, Wangmo


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"LA NATURE

ET TOUT CE QUI GRANDIT,

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ET TOUT CE QUI s’épanouit,

TOUT CE QUI FAIT

LA BEAUTÉ DU MONDE

EST FRUIT DE PATIENCE,

DEMANDE DU TEMPS,

DEMANDE DU SILENCE,

DEMANDE DE LA CONFIANCE".

Hermann Hesse

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