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Coupable votre Honneur, quel déshonneur !

Dernière mise à jour : 29 févr.

Mai 2023.


Je plaide coupable.



Coupable de ne plus avoir d'énergie pour discuter en famille, après deux semaines de vacances: vacances des enfants et du mari. Coupable de ne pas répondre au besoin de partage de mon époux, de ne pas avoir la force de l'écouter me raconter sa journée, ce soir. Coupable de ne plus supporter le fond sonore des jeux de petites voitures de fiston. Coupable d'avoir tellement forcé, ce matin, pour écouter et soutenir fifille, qui émotionnellement vivait une grosse tempête; que du coup, plus de force, ce soir, pour l'écouter à nouveau me parler du livre qu'elle est en train de lire. Coupable d'être ce soir en crise de repli autistique shutdown, et de ne rien pouvoir faire d'autre que rester allongée sur mon lit, en attendant que mes batteries se rechargent. Voilà c'est de ma faute: mea culpa, mea grandissima culpa. Coupable d'être autiste, en somme. " Alors ma maman, quand j'étais au lycée, elle restait allongée sur son lit pendant des heures..." me dit ma fille, ce soir... Et bien oui, désolée, mais je n'ai plus aucune force, après deux semaines de vos vacances, à toi, ton frère et ton père. Je suis à plat, vidée d'énergie. Bon, je viens aussi de passer dix heures à écrire, neuf pages, pour le juge des tutelles, pour mon papa. Alors oui, là, je n'en peux plus. Et je ne supporte plus cette culpabilité continue, et continuelle: "Mais t'es ENCORE, ET DE NOUVEAU en crise, mais tu pourrais pas faire un effort ?" Mais désolée, je fais constamment et incessamment des efforts, comme Sisyphe avec sa pierre. Oui, je suis à nouveau en crise, ce soir, parce que j'ai trop forcé depuis deux/trois semaines, et que je n'ai ni suffisamment respecté, ni écouté mes limites. Oui, j'ai des limites, et, oui, elles sont limitantes. Quelle lapalissade! Mais ce ne sont pas tant mes limites qui me peinent, que la peine ressentie, par la culpabilité qui me mine et me ronge. D'autant plus, lorsque l'on enfonce le clou, bien profond: "Mais vraiment, t'es toujours en crise, ou quoi ?" Non, pas toujours. Mais régulièrement, oui. Quand même. J'essaie tant bien que mal de m’autoréguler. Mais parfois, je n'ai pas vraiment le choix. Comme pour cette lettre du Tribunal, pour le juge des tutelles de papa, arrivée au bout de 5 mois, avec 5 jours de délai, maximum, pour y répondre.

Et puis, il faut ajouter un autre fait: depuis un semaine, mon voisin de mur-porteur-intérieur, dans l'immeuble, a de nouveau changé. Et c'est un nouveau drame pour moi. Parce que l'on entend tout, chez nous : SA musique, SES scènes de ménages avec sa copine, SES claquements de porte: oui, il ne ferme pas sa porte d'entrée, il la claque; et BOUM et VLAN et PAF. SES copains, à 5 dans SON minuscule studio... SES odeurs de substances... qui émanent dans le couloir commun, et par SES fenêtres ouvertes... Donc c'est dramatique pour moi. Parce qu'à cause de cela, je n'ai plus le refuge de mon appartement. Mon sacro-saint chez moi, ma seule paix, mon seul lieu de bien-être, mon cocon, l'unique endroit où je peux être moi-même: sans masquer, sans camoufler; le seul lieu où je peux avoir un minimum de contrôle, concernant les stimuli sensoriels (lumière, odeurs, sons, bruits, couleurs, textures, tissus, etc ). Et bien voilà, même cet endroit est comme "violé" par un autre, dont le mode de vie dépasse SON studio, et pénètre dans mon intérieur par SES SONS, odeurs et excès... Alors oui, c'est terrible pour moi. Je ne peux plus aller sur mon balcon (odeurs et musique par SA fenêtre), je ne peux plus travailler dans mon salon-bureau, impossible de me concentrer avec les cris de SA "mégère" de femme criarde, et leur musique qui entre dans mon salon, par le mur porteur. Je ne peux plus ni écouter les oiseaux, ni regarder les arbres. Il ne me reste que ma chambre, qui donne sur le parking, l'ordinateur installé sur mon lit pour écrire. Sympa, le voisin pas sympa. Dur dur. Vraiment. Alors oui, ce nouvel élément me perturbe, ce voisinage délétère m'épuise. Ce nouveau paramètre dérangeant me "crève", oui, je suis crevée parce que j'ai un nouveau voisin, bruyant et incivique, et c'est épuisant, et cela fait plein de nouveautés auxquelles je n'ai pas le choix de devoir m'habituer. Et c'est tout aussi épuisant le FIGHT = se battre (faire respecter ses droits, dont le règlement intérieur de l'immeuble où, par exemple, il est stipulé que "les appareils sonores doivent être utilisés de telle manière qu'ils NE PUISSENT ÊTRE ENTENDUS DES VOISINS") que le FLIGHT = fuir (qui impliquerait un déménagement... ). Cela serait le pire drame de ma vie, moi qui ne supporte pas ni les changements, ni les bagages. Dans les deux cas, c’est une somme, totale, de petites cuillères que je n’ai pas (cf. la théorie des "cuillères et autisme", de Julie Dachez et Christine Miserandino). Il ne me reste que le FREEZE: congelée, tétanisée, bloquée sur place.

Voilà ma petite famille chérie, les raisons pour lesquelles je suis de nouveau, une énième fois, en crise. Trop de nouvelles informations à intégrer avec ce nouveau voisin. Trop de temps passé aussi, depuis cinq mois maintenant, à gérer l'histoire abracadabrante de mon papa avec sa "diogènitude", rude, + sa mise sous tutelle, et en EHPAD, etc. Je me plains, et je plaide ma cause. Je ne fais pas exprès d'être en crise, en situation de saturation sociale, de surcharge sensorielle et émotionnelle. Pardon. Je ne fais pas exprès. J'ai peut-être des circonstances atténuantes. Est-ce que mon autisme, invisible mais réel, pourrait être une circonstance atténuante? Ou bien ne serait-il qu' une circonstance aggravante ? Quoi qu'il en soit, je vous prie de bien vouloir m'excuser. Je n'ai pas choisi d'être ainsi, si souvent fatiguée que je tombe en crises, régulièrement. C'est difficile pour moi. C'est pénible pour vous, mon mari et mes enfants. Vous en souffrez aussi, de mon autisme, à votre façon. Désolée. Wangmo


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