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Bas les pattes, vilain MASQUE !

Dernière mise à jour : 20 févr.

2023.

Hier j’ai dit «Oui».

Alors que je n’étais pas consentante.

Mais…

je ne m’en suis rendu compte qu’après,

que je ne le voulais pas…


Bas les pattes, vilain masque souriant!

Donc hier,

j’ai accepté d’aller avec une amie dans une groupe de femmes, plutôt neurotypiques#.

Ceci pour "essayer de correspondre à une norme, avoir des relations; et pour éviter le rejet*." [Source des étoiles*:

* Du GNCRA C3R Grenoble, Femmes avec un autisme, YouTube ]


Enfants et même adultes, nous mettons souvent un point d’honneur à faire plaisir aux autres et à ne ps faire de vagues. L’Asperger au féminin, Rudy Simone (2013).


Comme le CAMÉLÉON,

je me suis laissée embarquée par le souhait de mon amie, qui voulait aller rencontrer d’autres femmes. Elle souhaitait participer à un groupe de maman: une journée en mode «pause» des enfants, du mari, de la maison et/ou du travail. Je croyais que cela répondrait aussi à mes besoins. En réalité, j’aurais eu besoin de solitude et de silence, plutôt que de ce groupe, et de ces discussions dans cette formation, cette journée entre femmes… Car en fait, je n'étais pas encore remise de notre Manège (scène) de ménage (cf. post) conjugal.


Cela fait des années que je diminue ma participation,

jusqu’à ne quasiment plus aller dans ces différents groupes de mères,

dans lesquels je n’arrive jamais à m’y retrouver vraiment "détresse + souffrance identitaire*".

Mais hier,

bon, j’ai cédé à l’envie de faire plaisir à ma meilleure amie. Elle ne sait pas combien elle est importante pour moi et à quel point je l'apprécie. C’est une des rares qui me reste, et qui accepte encore la non-réciprocité de notre relation amicale. Elle me prend mes enfants, me covoiture, m’invite avec ma famille {je refuse presque toujours ses invitations…}, et moi je suis incapable de garder ses enfants, de conduire et de l’inviter chez moi avec sa famille en retour…

Généralement,

les gens qui nous aiment bien, et nous apprécient, finissent par se lasser de nous inviter «à sens unique» (même si je refuse souvent: et que parfois mon mari y va, seul, avec les enfants), et de ne jamais avoir de retour, de ma part…

Donc, plus le temps passe, moins j’ai de vie sociale, dans mon tout petit «réseau», déjà très épuré et très largement minimaliste. Pour le dire autrement, c’est quasiment la seule amie qui me reste. "Isolement social*".


Malgré tout,

tout en prévoyant de m’y rendre, à cette fameuse journée, j’avais aussi préparé mes phrases pour, une fois sur place, dire/exprimer mes limites, avec plusieurs plans B. Cela pour m’isoler au moment du repas, seule, en pause sensorielle et relationnelle; et aussi pour ne pas faire l’activité de groupe proposée, mais participer uniquement à l’heure de formation-conférence (et ainsi éviter les mondanités du «café-blabla»); et pouvoir aussi doubler l’heure de méditation silencieuse proposée.


Ceci pour ne pas me retrouver HS/KO en fin de journée.


Hors, une fois sur place,

et devant le groupe, impossible de poser mes limites personnelles et de dire «Non».

Je me suis adaptée, encore et toujours, comme d’habitude, aux besoins du groupe: "compensation, masquage et assimilation*", caméléon insoupçonnable, avec mon grand sourire, comme si j’étais souple, sympa et malléable, la vraie bonne élève…

Bon, j’ai quand même essayé de trouver la place la plus «au coin» possible, avec le moins de monde autour. J’étais finalement là, mais sans être là, intérieurement. Je regardais le film social se dérouler. Une petite réponse laconique de temps à autre, et toujours mon grand sourire… Tout va très bien Madame la Marquise.


Tout au long de la journée,

j’ai perçu, comme des minuscules miettes de sable, comme si quelque chose en moi essayait de s’infiltrer pour me dire «Stop… attention... tu dépasses tes limites...». "Spécificité des ressentis dans le corps: difficultés à interpréter les signaux envoyé par son propre corps, et à les qualifier, rendant plus difficile de se prémunir d’un épuisement, ou de gérer ses ressources en temps réel*". Mais c’était si ténu, et j’étais tellement prise dans mon rôle de femme charmante, bienveillante, toujours et surtout à l’écoute des autres ("une hypersensibilité: ressentir de façon intense les émotions émises par les autres, éponge émotionnelle, grandes capacités d’empathie*"). Occupée à chercher le meilleur mimétisme, inconscient, et possible pour m’intégrer; préoccupée de me fondre dans le groupe social, tellement que du coup je ne percevais pas mes signaux d’alarme intérieurs.


J’ai tellement l’habitude d’aller au-delà de moi-même, et de masquer au maximum toutes mes différences, et toutes mes difficultés.


C’est vraiment devenu un seconde nature chez moi.


Mais ce n’est pas ma vraie nature, et c’est cela qui m’épuise tant et me ronge de l’intérieur. Comme de l’eau salée sur des cailloux, je commence à être bien érodée.


Ceci dit la journée s’est très bien passée, extérieurement. "Des capacités d’adaptation créatives, peu diversifiées, employées de façon répétitives voire en continu avec efficacité: camouflage parfois TOTAL*".


J’ai quitté mon amie à 17h avec un grand sourire, sincère.


Puis une fois arrivée à la maison, je me suis effondrée sur mon lit. "Le recours à la stratégie d’hyper-compensation dont les conséquences sont: épuisement (non respect de ses besoins et limites*)". Juste lessivée, totalement. Vidée d’énergie.

Et cela a duré quasiment 24h, à ne même plus pouvoir m’habiller.


Et dans ma tête, en boucle, se déroulait le film de la journée.


Simplement à rejouer, interpréter, essayer de comprendre, donner du sens, mentalement, à chaque dialogue, chaque conversation.


Par exemple.

Le matin du même jour,

avant le départ, déjà j’avais fait le script immatériel, dans ma tête, des trois sujets dont je voulais parler avec mon amie, et de l’ordre dans lequel je pensais le lui dire. Comme j’ai beaucoup de mémoire, j’avais mémorisé mon futur monologue avec elle. "Des capacités cognitive qui facilitent le camouflage social*".

Bien sûr, cela ne s’est pas déroulé exactement comme je l’avais écrit dans ma tête.

Donc, le soir,

je me demande: alors, est-ce que je lui ai tout dit, est-ce que je l’ai bien formulé, est-ce qu’elle a compris, est-ce que je n’aurais pas du dire cela, ou le dire mais autrement, avec d’autres mots, plus de précisions, etc. Et ensuite je fais pareil avec chaque interaction verbale/conversation de la journée. Mais pourquoi a-t-elle dit cela, et pourquoi n’ai-je pas osé répondre ceci, et là qu’est-ce qu’elle pensait, et ici pourquoi dire cela, etc. Forcément, c’est un processus qui prend du temps.

"C’est un camouflage qui se paie au prix fort*".


Il m’a fallu, comme je l’ai écrit plus haut, quasiment 24h, après une nuit d’insomnie, pour commencer à m’en remettre, énergétiquement. Autrement dit, avant de retrouver de l’énergie.


24h dans ma chambre en pyjama, en silence total, sans quasiment aucune sollicitation ni interaction sociale (mon mari s’est occupé des enfants). Simplement à réfléchir aux conversations, pendant plusieurs heures, pour ensuite me consacrer à mon intérêt spécifique toutes les heures suivantes. Impossible de faire quoi que ce soit d’autre, même pas de m’habiller: bien trop coûteux en énergie. Sans regarder la TV non plus, que nous n’avons chez nous: trop de bruit! Et pas de musique non plus, trop bruyant. Juste lire.


Rien que de la lecture,

une boulimie de lecture.


LIRE +++ LIRE +++ LIRE +++ LIRE


LIRE +++, la seule chose qui me calme, m’apaise, me relaxe, me permet de réguler mes émotions, de baisser la pression sensorielle et l’hyperréactivité sensorielle et émotionnelle. Des heures de lecture, seule façon de me tranquilliser intérieurement, et notablement beaucoup plus efficace que le Mindfullness, lorsque je suis ainsi totalement au fond du trou, du puits sans fond de la fatigue, de l’épuisement. Unique moyen de recharger mes batteries. Et qui fonctionne. Je reste concentrée à lire pendant des heures et des heures et cela me restaure, me redonne de la vitalité. L’inconvénient, c’est qu’évidemment cela prend du temps… Je perds du temps. Mais je n’ai pas le choix. Je n’ai pas d’autre moyen de gérer mes ressources d’énergie, lorsque des situations de saturation, non prévues, se manifestent. "C’est un camouflage qui se paie au prix fort*". OUI, voilà le prix, élevé, à payer de ce camouflage qui est encore instinctif, en quelque sorte.


En fait,

c’est clairement ce qui est le plus fatigant, ce masque social, à porter en public. Le plus épuisant, c'est de cacher, constamment, mes difficultés. Je suis à une étape de ma vie où je NE VEUX PLUS vivre cet épuisement, chronique et presque perpétuel. Je dois absolument apprendre à gérer mes faibles ressources. Je dois me protéger, apprendre encore et encore et continuer à dire: «Non».


C’est vital, une question de vitalité, de vie.


Toute ma prime enfance et mon adolescence j’ai été la petite fille "méchante" de la famille, qui faisait toujours des crises. Crises qui étaient des crises autistiques, Meltdowns (explosions) certainement. Puis, autour de 18 ans, j’ai appris que lorsque l’on sourit, que l’on est gentille et douce, les gens vous apprécient plus que lorsque l’on est «sauvage et agressive». Donc j’ai continué à intégrer et assimiler, pour devenir une gentille fille, et non plus méchante. Et cela a fonctionné. Tant et si bien, que c’est l’une de qualités que l’on me donne en premier aujourd’hui: la douceur, la bienveillance, la tendresse. Une qualité que j’ai hyper-développée. Comme l’empathie. C’est ce que les gens apprécient en premier lieu chez moi, ma grande capacité d’écoute de qualité. C’est l’une des raisons pour laquelle on m’aime, on m’apprécie, on me complimente même, en bonus!


Du coup, c’est difficile de tomber le masque... bas les masques! Comme l'écrit Thomas d'Ansembourg: Cessez d'être gentils, soyez vrai! (2001), dans son livre de communication non-violente.


Pourtant, j’ai besoin de devenir moi-même, en vrai. Même si cela implique parfois que je ne sois pas la gentille fille que l’on attend que je sois. Je voudrais apprendre à être vraie, sans mon côté caméléon qui se fond dans l’entourage et son décor. Je dois me prémunir de l’épuisement.


Cela prendra du temps.


Mais j’y arriverai.

Petit à petit, un pas après l’autre.

Avec bienveillance…

et patience…

envers moi-même.


Wangmo


# Neurotypique: personne dont le fonctionnement cérébral est considéré comme normal. Une personne autiste, par exemple, serait plutôt appelée neuro-atypique. Une personne à haut potentiel intellectuel est aussi neuroAtypique.


* Source des phrases en gras avec étoiles:

notes, en vrac, du Webinaire 22.09.2021, Autisme au féminin, GnCRA Grenoble


«Un camouflage qui se paie au prix fort.
La recherche:
Hull et al. 2017, ... et al. 2019; Schuck et al. 2019
- camouflage: compensation, masquage et assimilation
- essayer de correspondre à une norme, avoir des relations , pour éviter le rejet.
Des capacités cognitive qui facilitent le camouflage social. Isolement social.
Le recours à la stratégie d’hyper-compensation (+que l’évitement) dont les conséquences sont: épuisement (non respect de ses besoins et limites),
{…} détresse + souffrance identitaire.
Des capacités d’adaptation créatives, peu diversifiées, employées de façon répétitives voire en continu avec efficacité: camouflage parfois total.
Une hypersensibilité:
ressentir de façon intense les émotions émises par les autres,
éponge émotionnelle,
grandes capacités d’empathie.
La recherche:
Supekar et Menon, 2015; Hadjikhani et al. 2014; Fan et al. 2014
- empathie affective préservée
- meilleure reconnaissance des émotion chez femmes autistes?
Différence aire du cerveaux social et amygdale et insul; impliqués dans traitements émotionnels.
Mais parfois difficultés à comprendre situations et exprimer du réconfort.
Spécificité des ressentis dans le corps: difficultés à interpréter les signaux envoyé par son propre corps, et à les qualifier, rendant plus difficile de se prémunir d’un épuisement ou de gérer ses ressources en temps réel».

* Du GNCRA C3R Grenoble, Femmes avec un autisme, YouTube

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