Comptabilité énergétique. PAUSE SOCIALE/fatigabilité sociale: manger, dormir, se laver + RESPIRER
- Wangmo
- 28 avr.
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 avr.
PAUSE SOCIALE avant les interactions sociales supplémentaires. BESOINS VITAUX FONDAMENTAUX des personnes autistes. Du BON stress = croissance. Au mauvais stress: danger = figé. Vivre ou survivre. Le monde est déjà hors zone de confort lorsque l'on est autiste.

A partir du moment où je n'arrive plus à manger correctement, dormir de façon satisfaisante, prendre ma douche et surtout RESPIRER, je sais que je suis en surcharge.
MANGER
DORMIR
ME LAVER
RESPIRER.
Besoins fondamentaux, vitaux. Étonnamment, besoins que je ne perçois PAS sur le moment, mais après coup, trop tard, en quelque sorte. Lorsque je m'écroule sans prévenir, sans moi-même avoir été prévenue par mon corps+esprit, que j'étais déjà dans le rouge, proche de la panne d'essence, en train de terminer dangereusement, sans en avoir conscience, ma minuscule réserve de carburant trop petite, en deçà de la moyenne, de la norme.
Et c'est uniquement lorsque tout s'arrête, réservoir vidé, que je réalise avoir trop forcé.
Comme si je ne percevais pas le SIGNAL du voyant d'alerte de la jauge d’énergie.
Cela se nomme un problème d’intéroception, de perception interne des signaux du corps, typique des personnes avec autisme. Cette capacité à savoir ce qui se passe à l'intérieur du corps au niveau physiologique/physique. Ou encore, le fait de ressentir les stimuli en trop, excès, ou pas assez, manque: hyposensibilité, ou hypersensibilité aux sensations des 5 sens, et à la douleur aussi, par exemple. Les deux pouvant être présents chez la même personne autiste. Trop ou pas assez.
ZONE DE TURBULENCE:
QUITTER SA ZONE DE CONFORT
POUR ENTRER DANS SA ZONE DE CROISSANCE
SANS ALLER JUSQU’À LA ZONE DE DANGER
Cette semaine, j'ai traversé ce que je nomme ma zone de turbulence.
Une semaine où je savais sortir de ma zone de confort, pour entrer en zone de croissance. Mais en passant par une zone d’inconfort absolu pour moi. Tout en essayant d'éviter d'entrer en zone de danger: danger d'effondrement, d'épuisement absolu, Shutdown...
Je suis allée passer 5 jours avec ma fille pour la soutenir pendant ses examens partiels.
Ici, à la maison, pas de souci, je connais, et je gère, avec mon mari. Mais... ailleurs et sans mon traducteur-social de mari = chez elle, dans sa grande colocation étudiante, c'est un monde totalement nouveau, inconnu pour moi, et cela sans l'appui de mon jovial mari.
Je ne connais personne. Je ne connais pas les us et coutumes, implicites ou explicites. Les codes sociaux, les attentes sociales, les demandes d'interactions relationnelles du style "pause-café, bla-bla informel". Je ne connais pas les lieux, immenses. Je ne sais pas ce qu'il convient de faire, ou non, pour éviter les écueils des faux-pas sociaux. Je ne connais pas la cuisine ouverte, commune et partagée, située dans un lieu de passage; ni le four et la cuisinière, neufs, avec un fonctionnement nécessitant au minimum un Master d’ingénieur polytechnicien. Les résidents, qui sont des locataires stables, et ceux qui ne sont que des "passants" invités, de passage. Sa ville, et ses magasins alimentaires qui sont aussi nouveaux pour moi. C'est une colocation de style écologique, donc il y a aussi des "codes" écologiques: venir avec son plat surgelé, à réchauffer au micro-onde, y est plutôt mal vu, par exemple, et sujet à critique. (Même si tous ces étudiants fonctionnent avec smartphone et ordinateurs, voire voiture...).
#Bref... il y a un modus vivendi particulier, auquel je me dois de m'adapter, pour faire bonne figure, pour l'image de ma fille qui vit avec eux, et son intégration sociale. Elle m'a briefé au maximum, me donnant le maximum d'informations, et anticipant le plus possible, ce à quoi je pouvais être confrontée, potentiellement, dans sa coloc. Mais bien sûr, elle et moi n'avons pas pu tout prévoir, tout anticiper. Ce qui fait que j'ai été soumise à beaucoup d'imprévus, et de surprises relationnelles.
J'ai donc passé: d'excellents, doux, tendres, et studieux moments avec ma fille, à l'accompagner pour réviser et deviser, dans la chambre louée.
Et de terribles et douloureux moments, personnels, intimes et intérieurs, faits de difficultés invisibles pour tous, sauf moi... Difficultés liées à mon autisme TND, le stress chronique de vivre dans un environnement inadapté à mes particularités autistiques, l'hypervigilance pour éviter les erreurs sociales manifestes, mon anxiété gérée mais bien présente, et surtout, surtout, surtout...
... LE FONCTIONNEMENT EN SURADAPTATION !
Tout ceci étant source de fatigue intense, immense, et encore INVISIBLE.
C'est seulement au retour à la maison, chez moi, revenue dans ma zone de confort qui est
ma zone de REPOS, de SÉCURITÉ, que j'ai pris conscience de mon état de fatigue. Et du fait que j'avais plutôt légèrement grignoté, sans faire de vrais repas de toute la semaine; et mal dormi; et que j'avais une boule au diaphragme qui me diminuait la respiration: bref, que j'étais en état de stress, et qu'il fallait que je me force à respirer, consciemment, pour me calmer et réduire la pression, absolument !
Livre de
Jessica Save-Pedebos:
100 idées pour comprendre et accompagner
les troubles des fonctions exécutives chez l'enfant,
édition Tom Pousse, 2023:
"CONFORT > CROISSANCE < DANGER"
Je reprends ici le livre, référence ci-dessus, qui m'a immensément aidée, pour me comprendre. Et traverser ma semaine, sereine, hors de chez moi, dans la colocation de ma fille étudiante. Maintenant, j'ai appris intellectuellement à bien me connaître. Même si je perçois en décalage certains signaux de mon état de stress, je me connais, et j'apprends, toujours. Donc je savais que j'entrais dans une zone de turbulence, que cela serait aussi une occasion de croissance, mais que je devais faire très attention à ne pas entrer en zone de danger.
Ainsi, à la grande SURPRISE
des autres colocataires de ma filles,
j'ai décliné toutes les invitations.
PAUSE SOCIALE avant les interactions sociales avec de nouvelles personnes.
Invitation à partager le repas de bienvenue: "Non, merci."
Invitation à partager le repas commun hebdomadaire de la colocation: "Non, merci." Invitation à partager un temps de service commun partagé de colocation:"Non, merci." Invitation à participer à l'événement festif de la coloc avec danses, musique et beaucoup d"invités extérieurs:"Non, merci."
MANGER DORMIR SE LAVER RESPIRER:
avant de DISCUTER !!!
J'ai pris soin de moi pour ne pas m'effondrer,
je me suis auto-régulée dans mes besoins de repos:
cognitif,
SENSORIEL,
et RELATIONNEL
pour réguler neuro-physiologiquement
ma santé mentale.
Chez moi, cela signifie silence
et solitude SANS interactions sociales,
nouvelles relationnellement.
Uniquement avec ma fille.
PAUSE SOCIALE avant les nouvelles interactions sociales supplémentaires.
Comme le dit si bien Fanny Terrisse, psychologue clinicienne à Bourgoin-Jallieu:
"Le REPOS: UN BESOIN NEURO-PHYSIOLOGIQUE FONDAMENTAL.
La fatigue s'accumule (dans les non-dits et) dans l'effort constant pour fonctionner.
Cette fatigue mérite d'être reconnue avant l'effondrement".
Je sortais suffisamment de ma zone de confort en allant dans sa coloc, et je refusais de me mettre en zone de danger, en répondant à toutes les sollicitations et attentes sociales des nombreux colocataires. PAUSE SOCIALE avant les nouvelles interactions sociales.
"Sortir de sa zone de confort
implique aussi d'être l'écoute de ses perceptions,
d'interpréter les signaux dans notre corps
qui nous indiquent si nous ressentons
un <<bon stress>>,
car notre corps se mobilise et s'engage
ou bien si nous entrons dans une zone de DANGER,
voire de panique
où notre corps se recroqueville
et se fige."
Cette semaine m'a amenée à augmenter ma flexibilité, mais pas après pas, et non pas dans tous les domaines en même temps, ni sur tous les plans de front. L'un après l'autre. J'ai dû m'ouvrir à la nouveauté et m'adapter à plusieurs nouvelles situations. J'ai lâché prise sur l'alimentation, et je me suis autorisée une semaine de sandwichs, même si cela n'était ni diététique ni écologique. Cela m'a permis ainsi une forme de souplesse sur le plan émotionnel: de ne pas être en lutte pour socialiser, avec tous les passants colocataires qui passaient dans la cuisine commune. De manger seule, en extérieur, sans utiliser la cuisine, nécessairement partagée. Cela m'a donné une forme, relative, de marge de manœuvre cognitive, en allant faire les courses in situ, en magasin, alors que, depuis les Covid, je ne fais plus que des Drive et ne me rends plus jamais en présentiel en magasin: trop de bruit, de lumière, trop de gens, trop de surstimulations, trop de sollicitations.
Tous ces efforts adaptatifs m'ont portée à
"L'ACCEPTATION des ÉMOTIONS de PEUR
et D'INCONFORT,
tout en veillant
à DÉFUSIONNER
AVEC SES PENSÉES ANXIEUSES".
Jessica Save-Pedebos
La prochaine fois que j'irai voir ma fille dans sa coloc, j’accepterai une invitation, parce que je connaitrai déjà les lieux, leurs habitudes, les conventions sociales de ce lieux, etc. Alors je pourrai faire un pas de plus. Discuter avec eux. Mais pas la première fois. PAUSE SOCIALE avant de faire de nouvelles connaissances. Pas tout en même temps. J'ai dû lutter avec une immense culpabilité, se sentir tellement coupable de décliner des invitations à manger, partager et discuter avec les autres colocataires. C'est difficile. J'ai honte de n'avoir pas honoré leurs différentes invitations.
Mais je ne pouvais pas.
Ce n'est pas que je ne voulais pas.
C'est que je ne pouvais pas.
Ils n'ont pas compris:
ils ont eu la gentillesse de ne pas m'en tenir rigueur.
Mais c'est difficile d'être incomprise dans son besoin vital de pause sociale ponctuelle relationnelle.
Semaine en mode stage de survie, survivaliste, survival
Être en suradaptation pour se conformer aux normes attendues est usant.
L'hypervigilance, pour ne rien faire de travers, m'a coûté une quantité d’énergie phénoménale.
Le stress induit par un endroit inconnu dans un environnement nouveau m'a épuisée.
Vivre avec mon autisme invisible, dans un monde inadapté à mes particularité, est parfois fatiguant.
Je luttais fort pour gérer mon anxiété, de cette situation tout à fait nouvelle pour moi.
Cinq défis accumulés, additionnés
Suradaptation
+hypervigilance
+stress
+autisme
+anxiété
= FATIGUE !
Donc, "Non, merci." J'ai besoin d'une pause relationnelle et sociale s'il vous plaît.
Je lutte déjà suffisamment, intérieurement-invisiblement, sans me rajouter de la pression sociale/normative de relations interpersonnelles, agréables pour les autres, mais coûteuses en terme d’énergie pour moi.
Vivre en me suradaptant non-stop, avec mon autisme (hypervigilance sensorielle), ses co-morbidités associées (anxiété) et leurs conséquences (stress chronique) est déjà particulièrement difficile.
Ce n'est pas parce que mon TSA est invisible pour le commun des mortels, parce les efforts continuels adaptatifs que je fais ne se remarquent pas, que mon hypervigilance passe inaperçue, que mon stress est bien caché, et mon anxiété bien masquée et stabilisée, que cela n'existe pas.
Ce n'est pas parce que vous ne voyez aucuns des efforts
que je fais quotidiennement que cela signifie que je ne fais pas d'efforts.
Fais un effort !
Non, je ne fais pas UN effort. Pas 1.
Je fais des efforts. Toujours. Tout le temps.
Et mon plus grand effort,
c'est de préserver l'énergie que j'ai pour VIVRE,
et non survivre.
Wangmo
PS: le repos,
un besoin vital fondamental
lorsque l'on vit avec un trouble du neuro-développement
TND et ses co-morbidités associées.
MANGER DORMIR SE LAVER et
se REPOSER avant de DISCUTER/
PAUSE SOCIALE avant les interactions sociales
lorsque l'on est autiste TSA SDI :-)
"Les personnes autistes connaissent un taux de stress post-traumatique probable à vie allant jusqu'à 60% (pour la population générale, ce taux est de 4,5%), et plus de 40% ont eu un probable SSPT au cours de leur vie"
-Rumball et al., 2020
Tony Attwood
(and Garnett Events, FB),
spécialiste mondial de l'autisme,
écrit: "l'anxiété dans l'autisme est différente de l'anxiété sociale. L'anxiété dans l'autisme est souvent déclenchée par des expériences sensorielles, l’imprévisibilité ou les changements de routine. Elle peur être situationnelle, comme de nouveaux environnements ou des interactions inattendues. Elle peut impliquer de l'effondrement ou un arrêt/repli Shutdown, plutôt que de l'évitement seul".
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