Depuis que ma psychiatre m'a larguée, le 4 juillet 2022. Et que j'ai dès lors écrit ce blog,
338 000 caractères, il y a un an et demi. Je suis née un 4 juillet.
"La colère. On se fréquente moins que l'imagination, elle et moi. Pendant toute une époque, on a été assez proches, mais j'ai compris qu'il fallait se méfier d'elle et, avec le temps, j'ai appris à lui clouer le bec. Je sais maintenant l'enfermer, solidement ligotée et bâillonnée, dans une chambre connue de moi seule. Quand je l'autorise à sortir, c'est qu'elle a fait pénitence. Elle n'est pas éteinte, elle a changé. De colère noire, elle a muté en colère blanche. Parfois même en sainte colère. C'est elle, cette fureur froide, qui me conduit, en ce début février, à écrire". Citation d'Irène Frain, dans son récit autobiographique de 2020.
Quant à moi,
je n'ai pas une écriture d'écrivain
mais une écriture de quotidien,
de mon quotidien divergent.
Afin de décrypter, par les mots,
mon vécu atypique,
de femme-autiste-(Asperger: voir LEXIQUE)-
TSA SDI
et HPI.
40 posts:
rédigés depuis que ma psychiatre (celle du suivi pour 25 mg de Sertraline) m'a larguée, avec mon bilan diagnostic de restitution de Non-autisme dans ses mains, (cf. post: Sextuple peine: diag. TSA? En faveur/défaveur d'autisme) en me disant: "Prenez la Sertraline à vie, voyez votre médecin traitant, vous n'avez plus besoin de venir me voir". Ceci le 4 juillet 2022. Là, j'ai alors écrit. Bien avant de publier ici, sur internet. J'ai cru mourir ce 4 juillet, contrairement au film Né un 4 juillet. En fait, je suis née un 4 juillet. Par l'écriture, sans fioritures.
40 posts, un an et demi, pour faire le tour de la question, comprendre et trouver ma réponse intérieure, véritable et vraie: mon auto-évaluation. Déployer ma réflexion intra-personnelle. Celle aussi que je rêve de faire parvenir à cette Doctoresse... Me lira-t-elle ? Lira-t-elle mon plaidoyer, intime, ma Lettre Ouverte: ce blog de plus de cent pages ? Mon droit de réponse à ce: "Non, pas autiste, Madame". Une femme qui, depuis qu'elle n'est plus carabin, a énormément de patients, et qui est cheffe de service. Qui ne travaille ni au CRA, ni au Centre autisme rattaché. Je ne pense pas qu'elle prendra le temps de lire ce blog, qui est pourtant mon droit de réponse, mon objection de conscience, ma contre-expertise personnelle à ce diagnostic de "Non-pas autiste", que je pense erroné. C'est la colère, que je ne ressens qu'an et demi plus tard, qui pourtant m'a poussée, un an et demi auparavant, à écrire ce blog. J'ai écrit, dans ce blog, tout ce que j'aurais voulu lui dire, ce que j'aurais souhaité partager aussi au Centre autisme relié au CRA de ma région, après mon passage au CRA, Centre Ressources Autisme.
La veille du 4 juillet 2022, avant mon rendez-vous avec cette praticienne savante, où j'allais mourir, ou vivre, selon le point de vue, puisque née par ma plume un 4 juillet, j'avais griffonné quelques mots d'ironie médicale:
"N’étant pas de taille
à jouer à David à la fronde
contre mon Goliath de médecin
il faut bien que je trouve quelque chose à lui dire,
à défaut de l’affronter en lui disant combien je doute de ce diagnostic de "NON-TSA"…
Ce même médecin, qui du haut de sa condescendance, a daigné m’adresser au CRA,
en me certifiant que «de toute façon vous n’êtes QUE anxieuse et certainement pas autiste».
Je ne voudrais pas laisser ce docteur jouir de façon trop absolue, sur son piédestal médical, de la victoire de son savoir, manifestement et certainement largement plus convainquant
que mon expérience de vie personnelle."
Curieusement et étonnamment, depuis que je me prend en compte, et me respecte, autistiquement parlant, mon anxiété à carrément baissé, nettement diminué. Je me lève le matin et je suis bien, heureuse mentalement, même si physiquement j'ai peu de petites cuillères* d’énergie. Autrement dit, depuis que je tiens compte de mes besoins autistes, que j'ose m'autoriser des replis sensoriels, je vais beaucoup mieux: anxieuse, je ne le suis plus que peu, mais vraiment très peu. Même les autistes Shutdown baissent de fréquence, lorsque je m'écoute, et prend soin de mes particularités autistiques.
Il fallait bien que je trouve quelque chose à lui dire, à mon Goliath d'érudit Docteur, Madame psychiatre... écrivais-je en 2022... Voilà, c'est chose faite avec ce blog, en 2024: j'ai trouvé ce je voudrais lui dire, si je le pouvais.
Ma "PSYchiââââtre" ou ma fille ? Pour expliquer mes émotions
Ma fille, encore bien jeune, prend des cours de théâtre à l'école. Elle m'a expliqué ce que mon ex-psychiatre si instruite, de plus de 40 ans, avec au minimum 20 ans de métier, a été incapable de m'expliquer ce 4 juillet 2022. Même après m'avoir suivie à long terme, rencontrée plusieurs fois, pas plus de 15 minutes cependant. Et aussi après avoir lu mon poème (post: Au tronc de votre Majesté) sur les arbres. Lorsque je lui expliquais ce que j'avais écrit face aux tronçonneuses, Madame Psychiatre, ne savait pas quoi me dire. J'essayais de lui dire combien le fait d'écrire était plus efficace, pour moi, que les séances du Mindfullness - Méditation de pleine conscience, qu'elle m'avait apprit. J'aurais souhaité qu'elle m'aide à comprendre, par ses connaissances, ce que je vivais. C'est ma fille vient de me l'expliquer:
"Maman, lorsque tu dis que tu sens quelque chose qui monte vers ton cœur, comme une vague intérieure, et qui te pousse à écrire, avec une sorte d'hyper-focus, comme une sorte de pulsion intense d’écriture, irrépressible, et qui t'obnubile jusqu'à ce que tu aies écrit, c'est une ÉMOTION. C'est ta façon de gérer tes émotions, l'écriture. Comme le théâtre pour moi; le dessin pour ta maman artiste; le sport pour mon papa, etc".
J'ai bientôt 50 ans, et c'est ma fille la seule qui a compris, et réussi à m'expliquer comment sont mes émotions, et de quelle façon je les gère. M'enfin, comme dit Lagaffe, c'est pourtant simple, quand on m'explique: je comprend, maintenant. Ma fille m'apprend à me connaître. Merci ma fille. Non merci, Madame mon ancienne psychiatre. Lors de mon suivi de 2017 à 2020, les thérapeutes me disaient que mes émotions étaient excessives. Donc fausses, en fait ? Que je n'aurais pas dû les ressentir de façon si intense, surtout pour des arbres coupés. C'est vrai, j'ai pleuré une journée entière pour des arbres coupés: les dix arbres tronçonnés, devant chez moi. Un indice de canopée* éliminé. Parce que c'est une catastrophe sensorielle pour moi, au niveau de la vue, de l'odorat, de l 'ouïe. Parce que des arbres en moins, c'est de la température, du bruit et des odeurs en plus. Et des oiseaux, dont les chants m'enchantent, en moins. Parce que les arbres sont mon seul bonheur, ma seule paix, au milieu de la ville. Je n'ai pas pleuré aux quatre enterrements de proches qui se sont succédé, à la suite, depuis ces trois dernières années, dont le dernier ce Noël 2023 passé. Donc mes émotions ne sont, décidément, vraiment pas comme il faut. Et je n'ai pas le droit de les ressentir, ou de ne rien ressentir aux enterrements... Sauf que... Non ! Je ne pense pas qu'il soit juste, ni ajusté, de me dire de changer mes émotions. Je crois finalement que mes émotions sont comme elles sont: ni justes ni fausses: elles sont, elles existent de la manière qu'elles existent pour moi. Et j'ai une façon totalement atypique et personnelle de les vivre, de les ressentir et de les gérer. L'écriture est ma façon spécifique de gérer mes particularités émotionnelles. Et cela n'est pas grave. Lors des quatre décès, dont trois familiaux, dès l'annonce, j'ai écrit un texte sur chacun. Les mots sortent, sans brouillon, j'écris directement, je couche sur le papier les paroles que je sens monter en moi. A ces occasions de funérailles, les gens m'ont dit être touchés par mes écrits. Mais je n'ai pas pleuré ni rien ressenti, je n'ai qu'écrit. L'écriture semble bien être est ma façon de vivre, et gérer mes émotions. Avec elles, avec l'écriture, je fais du hors-piste. Je sors des sentiers battus et des chemins balisés. Et cela n'est pas grave, mais pas du tout. CQFD.
Allons, sortons de la logique
de la plainte,
entrons dans la logique
de la gratitude !
Gratitude, ma zen-attitude
une bonne habitude.
Sans ma psychiatre, sans circonflexe,
orthographe correcte,
jamais je n'aurais eu le réflexe:
sans elle, et son incompréhension,
avec sa seule solution;
médication et méditation.
Sans explications;
uniquement mes perceptions,
jamais je n'aurais rédigé ce blog avec des ailes.
Alors tant pis, tant pis pour elle.
Tant mieux, pour moi,
et tralala !
Bon auto-anniversaire de 40 posts à mon blog,
bravo petit blog d'avoir continué jusqu'à présent.
Tu m'a beaucoup aidée cher blog,
lorsque mon seul soutien, de la caste supérieure des psychiatres, m'a lâché(e).
Je suis heureuse de ce cheminement parcouru à travers les mots,
écrire me fait du bien, alors merci brave blog !
Et aussi mention spéciale, dédicace à SUPERSister:
la seule qui m'a encouragée, depuis ce 4 juillet 2022, à écrire, encore et encore.
Celle qui a cru en moi, parce que vécu avec moi, dans l'enfance et l'adolescence.
Celle qui aujourd'hui croit encore en moi.
Merci petite sœur pour ta confiance.
Wangmo,
vas-y, choisis la Wie !
*"Indice de canopée : 3,3%
C'est l'indice de canopée dans la ville de Phoenix. Autrement dit, la part du territoire urbain ou les couronnes des arbres de plus de trois mètres de hauteur projettent de l'ombre au sol. A titre de comparaison, cet indice est de 24 % à New York et de 29% à Boston. Les autorités de Phoenix se sont fixé pour objectif de faire grimper ce taux à 25% d'ici à 2030". Citation de: https://www.geo.fr/geopolitique/phoenix-metropole-la-plus-chaude-des-etats-unis-et-laboratoire-du-changement-climatique-207328
"*Cuillères: fait référence à la "Théorie des cuillères". Les cuillères représentent la quantité d'énergie dont nous disposons pour effectuer les tâches quotidiennes, pour toute la journée. Chaque jour, nous nous réveillons avec une certain nombre de cuillères, et chaque tâche réalisée dans la journée utilise une ou plusieurs cuillères (selon chacun). Lorsque notre stock quotidien est épuisé, nous ne pouvons plus rien faire, sinon nous nous effondrons et nous consumons. Nous devons alors nous reposer, nous isoler, seuls moyens de refabriquer des cuillères... " Citation d' Anne Cossé, lue dans son livre: Et si VOUS étiez Autiste ? 2020, Louve Joyeuse, l'autisme positif et talents autistes www.louvejoyeuse.com
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