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Wie 9: Toi moche et méchant, pas drôle!

Dernière mise à jour : 29 févr.


1985-1989

Dix-sept journaux intimes noircis, brûlés des années plus tard, en cendres dans la cheminée, pour essayer d'effacer jusqu'à ton souvenir, toi le méchant beau-père, pervers manipulateur, qu'il ma fallu endurer pendant une dizaine années. L'étau se resserrant très lentement, subrepticement et peu à peu, de 6 ans à 16 ans, avant que les policiers ne viennent te chercher pour te faire quitter le domicile conjugal et familial... ayant étés, finalement, informés de tes agissements, par dépôt de plainte, lorsque j'étais encore mineure.

Écrire de onze à quinze ans m'a permis de "te" survivre, puisque je n'avais personne à qui en parler. Des cahiers bien loin des téléfilms de La petite maison dans la prairie ... Mes journaux intimes étaient mes seuls vrais amis à l'époque, les seuls à qui je pouvais dire la réalité, partager mon vécu qui me semblait tellement incompréhensible, douloureux et difficile. Lorsque l’hallali fut sonné, et que le beau-père devenu prédateur eut enfin quitté sa proie, victime ciblée, cette dernière eut alors un comportement auto-agressif en se grattant longuement le mollet droit, jusqu’au sang. Puisque je ne pouvais pas en parler, tant que mon cerveau n'avait pas réussi à traiter cette situation ambiguë, assimiler l'information, interpréter et traduire l'incompréhensible, pendant des heures et des jours et des mois, par le biais de l'écrit: passer en revue cette expérience traumatisante, avant d'être seulement capable de commencer à la comprendre puis de la verbaliser.

Voilà pourquoi je ne t'avais rien dit, maman. Pas parce que je ne voulais pas, mais parce que je ne pouvais pas. Parce qu'il me fallait le temps de "digérer" un truc pareil.


Après le choc, nous étions allés visiter Paris depuis la Suisse. A Montmartre, maman avait fait réaliser un portrait de moi au fusain par un peintre. Elle n'a jamais su pourquoi je haïssais ce tableau qui dessinait alors combien mon âme était triste à en mourir. Je crois que ma tristesse infinie ne se voyait pas dans mon visage. Comme me le disent encore souvent mes enfants aujourd’hui: «On ne sait jamais ce que tu penses, comme s’il y avait un masque sur ton visage». Ils me demandent souvent «Maman tu es comment là? Heureuse, triste, fâchée ou fatiguée? Parce que cela ne se voit pas».


Tu as pris deux ans de prison, toi l'affreux beau-père pour ce que tu m'as fait...

2 ans, comme les deux années scolaires redoublées à cause de toi, parce que je voulais en mourir, de ton manque de respect envers moi.

Le premier redoublement au collège fut à onze ans, lorsque tu ne m'as pas respectée dans mon corps et que je n'ai pas compris, sur le moment et implicitement, ce qui se passait.

Le deuxième redoublement fut vers 16 ans, lorsque je devais passer mon Certificat du collège CH (Brevet FR); je l'ai raté, parce qu'il me fallait porter plainte et découvrir l'infamie de devoir raconter cela à deux policiers ! Flétrissure sociale de raconter cela comme un interrogatoire, presque pire que l’événement en lui-même qui me faisait porter plainte, sans explications aucunes de la part des forces de l'ordre, pourtant spécialisées avec les enfants.

Mais combien d'années de ma vie as-tu réellement bousillées ...? Largement plus que deux ans!

Et le procès, plus de trois ans après la plainte et huit ans après les faits !

Nouvelle abjection que de se trouver à 19 ans entourée d'hommes (!!!) au tribunal: sans aide, sans préparation aucune, sans avoir été prévenue que "tu" serais là, toi le méchant, que je n'avais plus revu depuis ton départ forcé juridiquement, trois ans auparavant. Quel nouveau déshonneur et quelle INJUSTICE de "te" revoir!

Sans avertissement qu'il y aurait aussi, le lendemain un article dans le journal, honte suprême d'être ainsi livrée en pâture à des lecteurs inconnus! "Famille je vous hais !" (Gide) avait titré le journaliste. Quel CHOC de lire qu'il n'avait rien compris, ce journaliste qui s'était invité au procès sans mon autorisation. NON, je n'ai jamais haï ma vraie famille: mon papa et ma maman. Ce titre dans le journal était mensonger selon moi. Et "toi" le beau-père, je ne t'ai jamais considéré comme ma famille, mon cœur intime a toujours refusé de "te" faire allégeance, "toi" l'engeance mauvaise. Ce procès, où nous avions appris, avec sidération, que tu étais coutumier du fait, ayant déjà eu des condamnations, avant de rencontrer et d'enjôler maman.

Personne n'a jamais su, familialement parlant pourquoi j'avais commencé le Yoseikan-Budo* (art martial), seule jeune fille de 13 ans, mineure, avec un groupe d'hommes, tous adultes... Frapper les hommes était la seule relation possible avec eux, à cette période de ma vie, le seul contact que je pouvais admettre. Pas besoin de parler, avec les katas et les entraînements: juste APPRENDRE, MÉMORISER, recommencer et taper le plus fort possible. Utiliser ma mémoire avec cet art martial pour gérer les situations sociales masculines.

Quasiment personne n'a jamais compris pourquoi, du jour au lendemain, je me suis fait couper les cheveux à la garçonne, et habillée tout en NOIR, des pieds à la tête avec des têtes de mort partout, et des poings américains. La seule chose qui s'est vue, ce sont mes résultats scolaires (auparavant excellents) en baisse phénoménale. Et peut-être la violence que je commençais à cultiver et que je mettrai beaucoup de temps, vraiment longtemps, à quitter et perdre.

Tout ça c'était à cause de "toi"

Parce que j'étais une grenouille cuite *: "tu" m'avais mise une fois dans la casserole vers six ans, dans l'eau froide, puis la température avait augmenté lentement, tellement lentement que je n'ai pas su m’apercevoir que l'eau chauffait, et que j'aurais dû m'enfuir bien avant qu'il ne soit trop tard, à mes onze ans… «La grenouille cuite a dépensé toute son énergie à s'adapter aux circonstances et lorsqu'arrive le moment critique, elle n'a plus la force de se mettre à l’abri du danger». Raquel Aldana, psychologue et * Clerc, Olivier (2007), La grenouille qui ne savait pas qu'elle était cuite... et autres leçons de vie, JC Lattès, (2005): "La fable se base sur une loi physique réelle qui dit: si la vitesse de réchauffement de l'eau est de moins de 0,02°C/minute, la grenouille ne bouge pas et finit par mourir à la fin de la cuisson. Alors qu'à plus grande vitesse {de chauffage}, la grenouille saute et à LA FORCE de s’échapper."

38 ans après… C'est encore si douloureux d'en parler. Un beau mariage heureux. Deux beaux enfants joyeux. Mais ce sujet reste encore assez tabou. Jamais je n'en parle en famille. Impressionnant comme cela reste éprouvant, ne serait-ce que de l'écrire, et le dire: encore pire. C'est la première fois que j'ose l'écrire, le réécrire après le feu de cheminée de mon adolescence, après le procès si traumatisant pour moi et le verdict de TA culpabilité, qui ne m'a même pas libéré de ton souvenir! Je ne t'ai jamais revu depuis ce jour où la police est venue te chercher au domicile, et le procès, où je ne voulais pas te regarder. Aujourd'hui je pense que tu es mort, en calculant ton âge.


ABYSSUS ABYSSUM INVOCAT, "L'abîme appelant l'abîme" (Ps 41,8), l'excès de "ta "laideur m'a conduite à chercher et désirer la beauté, la vraie beauté, intérieure, mon Graal: cette beauté qui sauvera le monde, dixit Dostoïevski. J'ai soif à l'excès de beauté, de bonté, de bien et de beau. Si le manque (de bonté) est le moteur du désir, alors "ta" malveillance est le moteur de ma quête de bienveillance.


"Plus profondément le chagrin creusera votre être, plus vous pourrez contenir de joie." Khalil Gibran, Le Prophète (1923).

En conclusion, il fallait le dire, mais sans s'arrêter dessus. Malgré tout le temps a passé et il fait son œuvre de recréation."L'abîme appelant l'abîme au fracas de tes cataractes", c'est dans la forêt, au bord de la rivière, où je trouvais la paix, et que tel un phénix qui renaît de ses cendres j'ai pu, lors d'une saison plus favorable, choisir à nouveau la vie.


Wangmo


*Yoseikan-Budo: art martial avec des techniques de percussion, frappe, lutte, clefs, projections, immobilisations, étranglements et armes traditionnelles japonaises (sabre etc). En Combat ou Self Défense, sources: Swiss Yoseikan Budo Fédération et Fédération Française de Karaté.


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