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Wie 16: Échecs, couper les ponts/relations

Dernière mise à jour : 7 avr.

Écrit le 1er mars 2024, noté en 2022 pour le classer chronologiquement dans mon blog de Wie 1...

Échecs ou couper les ponts, les relations:

un besoin VITAL = fermer ses lobes frontaux?



2/2 Suite du post Wie 15, Ma mélodie bonheur: APPRENDRE, enfance et adolescence

Si maintenant j’écris ma liste autrement, en fonction, non pas de mes formations, mais de mes échecs, apparents, il y a de quoi réfléchir.


A 17 ans: j’ai arrêté l’école (comprenant deux redoublements) avec seulement mon Brevet du collège, enfin obtenu. Coupé LES PONTS, les relations.


Après deux années de cours du soir et quelques petits jobs «d’étudiant», quelques heures ou quelques semaines, en 1993, à 19 ans: j’ai réussi les examens d’entrée à l’École cantonale d’infirmiers en psychiatrie de Suisse, il y avait six admissions pour 60 candidats, mais j’ai décliné la formation pour partir… Coupé LES PONTS, les relations ...


au bout du monde et pour travailler bénévolement, pendant 12 ans, dans une

*Communauté-Association Internationale, avec des missions humanitaires, dans plusieurs pays du monde. En déménageant, changeant de pays chaque deux ans environ: Europe, Asie, Amérique, etc. Coupé LES PONTS, les relations en changeant de pays. Tout en restant dans ce même milieu de cette Communauté Internationale, comme «protégé»: avec des routines, des codes sociaux, un travail en silence, un groupe social très cohésif -qui acceptait ma «différence»-, et qui me permettait de «vivre avec» tout en restant à la périphérie du groupe. J’étais BÉNÉVOLE: nourrie, blanchie, logée… avec, de temps à autre, une formation humaine et/ou  parfois intellectuelle. Puis, j’ai quitté cette communauté*-association internationale. Coupé LES PONTS, les relations après 12 ans en son sein. Rudy Simone écrit dans son livre sur L'Asperger au féminin que, lorsque l'on a fait deux fois le tour du monde, et que l'on approche de la quarantaine, il est temps de se poser des questions, en parlant d'elle-même.

*Communauté association internationale: pour en savoir, plus, voir les post du blog Wie 14: Ma BULLE communautaire, catégorie enfance et adolescence, et posts suivant 15.


Je suis arrivée en 2005, dans une grand ville française: avec pour conséquence la perte de tous les codes sociaux, les rituels, les routines, le silence, les habitudes, le groupe de vie sociale auquel j’étais habituée. Ce fut la découverte -obligatoire- du bruit, de la ville, avec des codes complètement différents. Il m’a fallu passer du mode «doux chrétien» au mode «requin-citadin»*, donc des comportements sociaux trèèèès différents, ... et vivre ainsi des nouveautés: des choses nouvelles pour moi à APPRENDRE, à nouveau, comme si je recommençais de zéro! *Apprendre, par exemple, que les jours français de grève, si on ne force pas des épaules, on ne peut, parfois, même pas monter dans le train ou le tram, et on risque de rester sur le quai, sans pouvoir rentrer chez soi, pour coucher son enfant !


En 2006 j’ai obtenu mon DEAVS (Diplôme d’État d’Auxiliaire de Vie Sociale).

Pour le côté ironique, pourtant véridique, DEAVS, c’est un diplôme d’État pour nettoyer des WC et laver des personnes… On nous avait fait miroiter, lors de la formation, avec notamment l’apprentissage, pourtant conséquent, des différentes pathologies physiques ET mentales, que cela équivalait à aide-soignante, quasiment , mais avec travail à domicile et non en structure. L’amère réalité, que je découvrirai derrière le miroir est que, même diplômée, donc (légèrement) mieux payée, on ne nous demande QUE de passer la serpillière et de nettoyer la saleté, pour l’écrire bien poliment… Un grand décalage entre la formation diplômante, où l’on nous disait et répétait que nous serions à la charnière entre les infirmières et les aides à domiciles/aides-ménagères non diplômées, nous les «vraies» auxiliaires de vie sociales diplômées; et la réalité du travail, où l’on est au final, juste assimilée à une femme de ménage lambda, d’après mon expérience professionnelle, peu gratifiante et non-valorisante. On nous a juste vendu du rêve. Bon voilà, c’était mon petit coup d’humeur sur mon premier Diplôme. Le DEAVS, dont j’étais si fière, moi qui avait arrêté la scolarité à la fin du collège obligatoire. Quand on se considère intérieurement comme une sous-serpillière, c’est normal de passer un vrai diplôme pour apprendre à passer la serpillière, logique, non? Là où je suis déçue, ce n’est pas tant le travail d’auxiliaire de vie sociale, travail qui reste digne (parce qu’au service d’une personne humaine qui a droit à la dignité, qui EST digne et respectable dans son humanité), mais c’est d’avoir été tellement naïve. D’avoir pris pour argent comptant tout ce que l’on nous rabâché, pendant un an de formation, dont six mois de cours, avec passage d’examens écrits, car j’avais véritablement cru à tout ce que l’on nous apprenait, intellectuellement. Et j’ai été extrêmement surprise du décalage entre la théorie des cours, et la pratique. Moi qui ne supporte pas du tout les surprises!


Petit aparté

Pour revenir sur les échecs, ou le fait de COUPER LES PONTS et RELATIONS.

  1. Premièrement, je n’avais que mon Brevet (certificat CH) du collège.

2. Deuxièmement, après 12 ans de bénévolat dans la Communauté*, j’en sors sans aucun diplôme, aucune reconnaissance professionnelle de mon expérience de travail, et forcément aucune rémunération, puisque c’est du bénévolat. Lorsque je pars de la Communauté* après douze années de travail, gratuit, en son sein, je me retrouve sans rien, ni indemnité de licenciement, ni chômage, ni diplôme, RIEN. Je n’avais même pas le Baccalauréat, qui aujourd’hui semble le minimum du plus petit dénominateur commun.

3. Troisièmement, sans argent et sans le Bac, je me lance dans la première formation qui m’est accessible et me paraît possible, le DEAVS, dont l’entrée en formation est, étonnement, sélective car sur examens, écrits et entretiens.


En 2006, j’ai donc obtenu mon DEAVS (Diplôme d’État d’Auxiliaire de Vie Sociale) puis une proposition d’emploi, mais mon médecin m’a alors demandé de choisir, entre le bébé ou le travail: «Vous ne pouvez pas faire les deux !!!» m’a-t-il dit. Coupé LES PONTS, les relations.


Devenue maman: ce fut une joie immense, profonde, et en même temps pas du tout évident; beaucoup de nouveautés à assimiler.


De 2008-2009: neuf mois de travail rémunéré, comme auxiliaire de vie sociale, seulement UN JOUR par semaine, à faire du repassage; puis j’ai du démissionné car trop de CHANGEMENTS de plannings, CHANGEMENTS de bénéficiaires, CHANGEMENTS de lieux; et trop de demandes d’heures supplémentaires de mon employeur, au-delà de mon contrat initial = beaucoup trop de pression. Impossible d'avoir une ROUTINE de travail stable et régulière. Démission, juste avant le craquage total et radical, que je sentais venir. Une forme de protection pour la survie de mon cerveau: démissionner. COUPER LES PONTS, les relations.


Ceci m’a néanmoins sauvée, de stopper le travail, et m’a permis d’ avoir l’énergie de déménager (de 35m², en couple avec un bébé) pour pouvoir, ensuite, envisager la venue d’un deuxième enfant, dans un appartement plus grand.

Ensuite, viendront ce que, personnellement, je considère comme mes deux grandes réussites, victoires et résiliences, quand même: en 2015 mon Bac-DAEU: pas de travail de groupe, pas d’oral = donc je suis arrivée 3ème, sur les 300 candidats. Puis COUPER LES PONTS, les relations.


Suivi de la Fac de psychologie en 2016, en L1 à l’Université: beaucoup d’oraux, de travaux en groupe = Hiroshima! Mais deuxième mention Très Bien, parmi les meilleurs étudiants de L1, malgré tout. Ceci à plus de 40 ans, avec deux enfants. Ma plus grande victoire, après la maternité qui fut un sacré défi: cette année de fac. Puis COUPER LES PONTS, les relations.


Puis trouble-du-voisinage-anormal, de mon ancien ex-voisin, qui cultivait des nids de centaines, voire milliers, de blattes, qui ont envahis tout l'immeuble entier. Donc un maximum d’imprévus, d’inattendu, de mauvaises surprises, de situations soudaines, surprenantes, déconcertantes, urgentes, à gérer inopinément, pendant 4 ans face à lui. Beaucoup de LITIGES, de conflits importants, d'évènements très anxiogènes avec ce personnage particulier, déjà connu de certains services publics assurant le maintien de l'ordre... Lors de son départ, et de la désinsectisation de son appartement, enfin obtenue juridiquement, j'ai totalement sombré dans le burn-out. Avec une dépression de trois années. Ceci alors que je suivait une formation, à la faculté qui me demandait déjà beaucoup d'efforts d'adaptation au quotidien. Ma L2 de psychologie = médicalement et obligatoirement arrêtée, nouveau sentiment d’échec, COUPER LES PONTS, les relations.


C’est alors qu’en 2019 Mme L’Interne de l’hôpital me dira: «RQTH/CapEmploi-handicap + assistante sociale» pour burn-out, trouble anxieux et dépression. Phrase d’une grand violence intérieure pour moi, provoquant une telle douleur psychique qu'elle me valu une pulsion suicidaire intense (à laquelle je n’ai, heureusement, pas cédé :-) ), n’étant pas prête, à ce moment-là, à entendre, et accepter ce que je croyais être une déchéance. Je lui ai demandé de m' expliquer pourquoi une RQTH avec une assistante sociale, car je ne comprenais pas, cette idée nouvelle, absurde pour moi, qui sortait du chapeau du magicien, subitement. J'ai catégoriquement refusé sa proposition de RQTH etc. Elle m'a alors répondu que je n'étais que remplie de stéréotypes sur le burn-out et les assistantes sociales... ??? (Je ne me savais pas encore autiste, dit anciennement Asperger* à ce moment-là). Pour la petite histoire, vraie, j'aurai l'occasion par la suite de signaler l'indélicatesse maladroite de cette praticienne. La déontologie dit que le patient doit, au minimum, ressortir de la consultation dans le même état, voire avec une amélioration de son état. Pas dans un état pire qu'avant la consultation... J'avais dit que, selon ma perception, cette femme aurait mieux fait de pratiquer son art médical sur des personnes non-vivantes. Il s'avère qu'effectivement, cette interne en psychiatrie s'est tournée vers la médecine légale, spécialisée pour devenir médecin légiste. Je pense que ses nouveaux patients ne lui posent pas trop de questions.


COUPER LES PONTS, LES RELATIONS

PRISE DE CONSCIENCE

Aujourd'hui, je suis consciente que c'est:

une stratégie pour survivre, mais qui ne me fait pas vivre. Un choix qui est une forme de non-choix. Parce que je n'ai pas la possibilité de faire autrement. Cependant, cela équivaut aussi à scier la branche sur laquelle on est, une forme d'auto-sabotage comme "inconscient". Rudy Simone écrit que "c'est une spécialité aspergienne (autiste) dans laquelle nous sommes devenues très fortes."Je confirme. Étant jeune, je pouvais me laisser croire que c'était, plus ou moins, de la faute: aux autres, aux circonstances, etc. Maintenant, je dois me confronter au fait que c'est: de mon fait. C'est moi qui quitte, les gens, les choses, les relations. Bien sûr, je le répète, c'est pour survivre. Mais... J'espère que le fait d'apprendre à comprendre mon fonctionnement autistique, et, du coup, à ME respecter dans mes besoins autistiques vitaux, changera la donne... C'est une astuce, de couper les ponts: comme un disjoncteur qui coupe l’électricité du cerveau, avant le court-circuit des fils électriques des neurones. Le but est d'éviter un danger plus grand, d’électrisation et électrocution. Toutefois, il y a peut-être d'autres solutions, maintenant que je suis "grande", pour éviter d'en arriver à ce stade. Comme de cesser de masquer, pour invisibiliser, mes particularités autistiques. De m'accepter avec mes spécificités, hors norme, dans le sens hors catégories classiques/typiques. Et de m'accorder l'isolement, le silence et le temps nécessaires à mon équilibre interne personnel, notamment autiste.


Couper les ponts et relations. C’est quelque chose de récurrent dans ma vie, continuel, chronique en quelque sorte. Cela permet aussi, en quelque sorte, de garder une forme de contrôle sur sa vie.


Les grands changements de vie, presque cycliques, sont plus simples pour moi, comme de partir et tout quitter, que les petits changements quotidiens qui me perturbent dans ma routine. Rudy Simone écrit que "cette tendance au changement CHOISI peut induire les médecins en erreur quant à notre Syndrome d'Asperger. Normalement, nous n'aimons pas le changement", L'Asperger au féminin. En fait, les autistes qu'elle nomme Asperger, sans déficience intellectuelle ne supportent pas les petits changements QUOTIDIENS DANS LEURS ROUTINES, mais peuvent avoir plus de facilité avec un énorme changement, justement grâce à cette notion de contrôle, de choix: choisi.


Je crois qu’en réalité c’est encore une fois une stratégie de survie intérieure, survie du cerveau ou technique adaptative acquise, pour faire face à la saturation relationnelle. Couper les ponts, toutes les relations, changer de réseau/cercle social, faire "ON/OFF", recommencer à zéro, page vierge, se retrouver totalement seule, au niveau de l'entourage sociétal. C'est assez dur, difficile à vivre. Il faut vraiment arriver à un point de non-retour: une impossibilité à garder le conformisme à la norme sociale, le masking, masquage et camouflage-caméléon de soi pour supporter un tel désagrément de tout quitter, pour repartir de rien.


Pour éviter la catastrophe de l’extinction du cerveau,

et éviter l’effondrement total intérieur.


Mon «survivalisme» pour gérer le «trop de tous», et me permettre, m’autoriser à me retrouver, redevenir moi-même, sans MASQUE; comme si je devais aller sur mon île, ou dans ma bulle ou ma caverne… pour que mon cerveau puisse assimiler, trier, organiser les informations: quitter les relations, pour me reconnecter à ce que je suis, celle que je suis invisiblement, mais réellement, profondément. Fermer ses lobes frontaux, mettre en veille les fonctions exécutives: quitter, couper les relations, partir pour choisir la vie, et non pas uniquement la survie: VIVRE.


Wangmo



Ps: à savoir

cette notion de couper les ponts ne fait pas

partie des critères de diagnostic du DSM-V* pour le spectre autistique.


Mais,

Rudy Simone, dans son livre L'Asperger au féminin (2010),

a fait tout un chapitre, le numéro 18, qui s'intitule:

Couper les ponts, pour repartir de zéro.

Reset-réinitialiser.

De façon expérimentale, elle décrit comment cette réalité est vécue par beaucoup d'Aspergirls, comme elle les appelle. Selon Rudy Simone, elle pense que cette définition est sous-entendue "dans les critères du Manuel Diagnostique et Statistique des troubles [...] mentaux dans incapacité à établir des relations avec les pairs. Nous développons des relations qui s'avèrent brèves du fait que nous y mettons très vite un terme", écrit-elle. Elle ajoute: "la décision de couper les ponts s'apparente à la frappe préventive: partir avant de ... " craquer, "être licenciée, s'en aller avant que les choses ne se corsent. Nous apprenons à déchiffrer les signes, tout comme les chats qui sentent qu'un tremblement de terre est imminent". Édition deBoeck, L'Asperger au féminin

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