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Photo du rédacteurWangmo

Au tronc de votre Majesté

Dernière mise à jour : 5 avr. 2023

Mémoire d'arbre

En mémoire des dix arbres éliminés:

dans ma rue

Seize ans de bonheur

Tronçonné sous nos yeux





Adieu verdure, adieu parure,

cigales et oiseaux, sous la ramure

Bonjours odeurs

des canidés, pavant les rues

de leurs souillures

Adieu tranquillité

Que vous nous prodiguiez

Par votre panache et vos houppiers

Nous procuriez

au long des saisons ensoleillées

Écosystème tout entier

Chaque octogénaire

voire centenaire

que vous étiez

Quarante degrés

Ici en été

Et vous taillez

encore les haies!

Vous bétonnez, vous grisonnez,

au lieu de verdir

et bleuir nos cités,

urbanistes de malheurs, oh pauvre canopée!

A LUI SEUL 1 ARBRE

équivaut *

à 7 CLIMATISEURS!

Dix arbres décimés,

allez, calculez!

Sous nos fenêtres décimés,

cette dizaine de hérauts

crient en silence

héros tombés au champ d’honneur par le massacre proclamé:

«Tronçonnez!»

Je vous aimais ARBRES D’ICI

Majestueux et somptueux

Je suis en deuil de votre mort

Je me lamente de votre absence

De vous, il ne me reste rien

que sciure

et mes yeux pour vous pleurer

Et le souvenir de vos bontés

Toutes vos prodigalités

Fraîcheur ombre et douceur

Terre humus senteurs de sève

dans la TORRIDE chaleur

Mélodie du vent dans vos branches

Caresse de la pluie sur vos feuilles

Mes beaux Cyprès et Pins Sylvestres

Ormes et Charmes disparus

Sapin, Ailante, Arbre de soie

Hêtres et Frênes,

Phénix Paulownia aux fleurs violettes,

Et Robinier faux-acacia

Cher Cyprès toujours verts

abattu pour placer

un ascenseur jamais encore utilisé!

Vie végétale si précieuse

dans ce désert citadin

où certains se croient plus malins

de ne pas vous considérer!

Vos racines entremêlées,

mycorhiziens,

ensemble familialement,

vous résistiez

au vent, éclairs et tonnerre.

Mais désormais si maltraités

ARBRES DES VILLES,

«arbres de villes, enfants des rues» (Wohlleben, 2015)

pauvres et nus,

isolés et martyrisés

au moindre souffle vous ployez

fragilisés

même en la terre

par les monstres: camions et tractopelles

qui sans pitié

broient vos racines

et fragilisent jusqu’à l’intime

la sève-vie

qui coule en vous.

O arbres! ô désespoir!

Ne plus vous voir

tout devient noir!

Pourquoi tant de haine envers vous

arbres-doyens, de nos municipalités

arbres qui n’ont aucun droit de cité!

Je vous aimais arbres d’ici...

Arbres je vous aime toujours

Au fond de moi

je me remémore

vos feuilles mortes

qui «se ramassent à la pelle

avec mes souvenirs et mes regrets aussi»

Pour vous chers arbres

ces quelques lignes déclamées

à défaut de n’avoir osé offrir

le rempart de mon corps

au tronc de votre majesté…

Cette tristesse est le prix à payer

de n’avoir pas su vous protéger

et empêcher

que vous ne soyez sciés…


Wangmo



A LUI SEUL 1 ARBRE

équivaut * à 7 CLIMATISEUR:

"Du vert et du bleu
plutôt que du gris.
Un arbre livre
la même fraîcheur
que cinq climatiseurs.
A l'ombre des arbres,
on enregistre
en journée jusqu'à
sept degrés de moins
qu'aux alentours".
Revue Suisse, juin 2020,
Quand les villes suent,
Theodora Peter
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